La journée de travail  est passée assez vite, la routine, non ! Mais tout de même, rasant. A la pause repas,  alors F10 et moi aimons nous retrouver pour discuter ensemble, de comment et pourquoi sommes nous ici, comme en cage, on parle  de ses lectures, de ses goûts, et de notre prochaine sortie secrète.  Nous nous s’installons sur une table du grand réfectoire, nous devons aller nous servir. Les repas sont posés sur des présentoirs chauffants, la seule boisson disponible est l’eau fraîche. Je me décide pour un «burger»  un steak de protéines synthétiques entre deux tranches de pains décongelés. Pas si mauvais, j’ai faim,  c’est assez énergétique, le goût, salé ou poivré est au choix. 

La vie ici est très réglementée, la nourriture est distribuée gratuitement, nous avons de l’argent plastique, des cartes comme moyen de paiement,  la vieille monnaie, l’Euro est encore valide, on ne trouve plus beaucoup de pièces, par contre les billets sont encore disponibles. C’est avec ces billets  que je vais pouvoir régler mes achats ce soir. La Grande Crise n’a pas pu détruire cette monnaie papier, elle a su résister aux violentes attaques des spéculateurs qui ont  aggravé  la crise et nous ont enfoncé dans cette situation .

(19 :00) . Il existe un magasin au bas de la tour 121 pour acheter des produits courants, de la nourriture, café et thé , des boissons non alcoolisées, des journaux, et différents articles de soins , rasoir, savons, quelques vêtements et chaussures. Je fais quelques emplettes et je rejoins mes 15 m² d’habitation, ils sont équipés confortablement, un lit banquette  une petite cuisine, une minuscule salle de bains, je n ‘ai que très peu d’objets personnels, un écran clavier à reconnaissance vocale connecté au dicoweb de la tour.  Le confort est le même pour tous. Comme dit le Conseil de la Nation,  optimisation des ressources et des efforts. 

Mes amis viennent parfois me visiter, on s’ouvre un cacojus, boisson gazeuse sans alcool peu sucrée, on parle, bien sur, pas possible de refaire le monde mais on parle politique, enfin du prochain vote auquel nous devons participer, parfois, on regarde un film du passé, un de ces films montrant la vie d’avant la crise, c’était chouette, j’ai récupéré un vieil écran de télé équipé d’une prise USB, que je cache soigneusement, cela ne laisse pas de trace sur le dicoweb.   

On se demande comment on a pu tomber aussi bas. Tous mes amis travaillent à l’usine, il est difficile d’entrer en contact avec d’autres personnes à part le tchat accessible  à partir du dicoweb , mais les conversations sont toutes enregistrées, depuis longtemps, des « ADOPI » « Action Dirigée Ordonnée Pour Interdire »  avaient été voté avant la crise,  en relation avec une lutte contre la fraude ou contre le terrorisme, cette loi inique a permis aux forces de l’ordre d’ espionner en toute légalité, tout ce qui se circule sur le réseau dicoweb. Le tchat est ouvert en forum, pour exprimer nos idées devant être débattues avant vote, tout ce qui s’exprime est enregistré. Alors nous ne faisons plus confiance à ce moyen de communication, l’espionnage est devenu le moyen principal que les forces de l’ordre ont mis en œuvre pour contrôler la population. Parfois, un visage connu disparaît. Personne n’ose poser de question, ni n’en parle !!!